nicolas

Publié le par Señor Sanchez


- Te rappelais-tu que Nicolas aurait 8 ans aujourd’hui?

L'avis de Señor Sanchez :

J’ai cherché sur Internet pour trouver une quatrième de couverture plus éloquente que celle-ci, mais elles étaient soit trop évocatrices ou c’était une critique de journal convertie en résumé… rien n’y faisait. Puis, je me suis dit que j’allais tout simplement suivre la véritable quatrième de couverture, ce qui était réellement écrit à l’endos du livre… et voici ce qu’on peut y lire: «Te rappelais-tu que Nicolas aurait 8 ans aujourd’hui?» Qui est Nicolas? Pourquoi en parle-t-on au passé? Que lui est-il arrivé? C’est intriguant, non? Eh bien, c’est exactement pour cette raison que j’ai décidé de choisir ce livre pour ma chronique du mois d’octobre: une si simple phrase qui amène à se poser tant de questions.

Aux amateurs de livres de suspense, je dois vous mettre en garde cependant: le mystère ne plane pas très longtemps dans nicolas. Dès le premier paragraphe d’introduction, l’auteur nous dévoile son sujet sans artifices: comment la mort de son frère cadet Nicolas a causé des répercussions sur sa vie? Qui plus est: comment vivre avec la mort de son jeune frère lorsqu’on est soi-même un enfant? Un sujet lourd pour un livre contenant si peu de pages… Néanmoins, Pascal Girard joue avec les mots, avec la forme et avec son crayon pour nous offrir un livre délicat et coup de poing à la fois.

Trois jours… C’est le temps qu’il a fallu à l’auteur pour écrire ce livre… Armé d’un petit carnet et de quelques feutres, il a couché ses souvenirs sur papier comme on raconte un traumatisme qui tarde à nous lâcher. Chaque bribe de mémoire se lit en une ou deux cases, dans un ordre plus moins chronologique, comme nous assaillent ces réminiscences qui nous empêchent de faire notre deuil. Au fil de notre lecture, nous levons sporadiquement le voile sur cette mort subite, mais une question subsiste: pourquoi la vie est-elle si cruelle? Une question quelque peu générique pour un phénomène aussi complexe.

Dans nicolas, Pascal Girard s’ouvre sur son passé teinté de nostalgie heureuse et de douleur lancinante, mais cette plaie béante nous permet de souligner un élément important du processus de deuil: comment un enfant, exposé très tôt à la mort d’un proche, vit-il cette perte? La pluralité des expériences rend une réponse homogène quasi impossible, mais si une chose est sûre, c’est qu’il peut être difficile d’accepter la mort quand on comprend à peine le concept métaphysique qu’elle représente.

- Comment ça se fait que ton frère est mort?
- Je sais pas.

Ce court échange se trouvant pratiquement au début du livre donne, à mon avis, précisément le ton au reste de l’histoire. Ce qu’il décrit est lourd de sens: la mort, c’est grand, c’est profond, c’est noir et ça fait peur, mais surtout, c’est flou… et si elle est décrite différemment par chacun, la version de Pascal Girard s’accompagne tout de même d’espoir.

nicolas, c’est beau, c’est bon, c’est court, mais ça laisse des traces et surtout, des pistes de réflexion… comme tous les livres de Pascal Girard…

Auteur : Pascal Girard
Éditions : Mécanique Générale
Parution : Mai 2016
Pages : 112

Extrait visuel

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Crédit Photo : Señor Sanchez

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Publié dans BD, LittQc

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B
3 jours pour écrire un livre même court c'est impressionnant, merci pour cette chouette présentation
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