Le plongeur

Publié le par MissDupont & Lady Bridge & Mlle Lambert

Nous sommes à Montréal au début de l'hiver 2002. Le narrateur n'a pas vingt ans. Il aime Lovecraft, le métal, les comic books et la science-fiction. Étudiant en graphisme, il dessine depuis toujours et veut devenir bédéiste et illustrateur. Mais depuis des mois, il évite ses amis, ment, s'endette, aspiré dans une spirale qui menace d'engouffrer sa vie entière : c'est un joueur. Il joue aux loteries vidéo et tout son argent y passe.

Il se retrouve à bout de ressources, isolé, sans appartement.

C'est à se moment qu'il devient plongeur au restaurant La Trattoria, où il se liera d'amitié avec Bébert, un cuisinier expérimenté, ogre infatigable au bagou de rappeur, encore jeune mais déjà usé par l'alcool et le speed. Pendant un mois et demi, ils enchaîneront ensemble les shifts de soir et les double, et Bébert tiendra auprès du plongeur le rôle de mentor malgré lui et de flamboyant Virgile de la nuit.

On découvre ainsi le train survolté d'un restaurant à l'approche des fêtes et sa galerie mouvante de personnages : propriétaire, chef, sous-chefs, cuisiniers, serveurs, barmaids et busboys. Si certains d'entre eux semblent plus grands que nature, tous sont dépeints au plus près des usages du métier, avec une rare justesse. C'est en leur compagnie que le plongeur tente de juguler son obsession pour les machines de vidéopoker, traversant les cercles d'une saison chaotique rythmée par les rushs, les luttes de pouvoir et les décisions néfastes.

Oeuvre de nuit qui brille des ors illusoires du jeu, Le plongeur raconte un monde où chacun dépend des autres pour le meilleur et pour le pire. Roman d'apprentissage et roman noir, poème sur l'addiction et chronique saisissante d'une cuisine vue de l'intérieur, Le plongeur est un magnifique coup d'envoi, à l'hyperréalisme documentaire, héritier du Joueur de Dostoïevski et du premier récit d'Orwell, celui d'un plongeur dans le Paris des années vingt.

L'avis de MissDupont : 

Véritable Coup de Coeur pour moi que fût ce récit initiatique d'un jeune étudiant de 20 ans. Personnage dont on ne connaîtra pas le nom avant la toute fin, mais dont on imagine rapidement qu'il puisse s'agir de l'auteur, non pas en raison de la narration au "je", mais parce que l'on ressent toute 'implication émotive que peut comporter de coucher ces vices sur le papier.

Il ne m'est jamais arrivé de lire un roman dont la majeure partie du récit se passe dans l'arrière-cuisine d'un restaurant. La première réflexion qui nous viendrait serait que cela risque fort d'être redondant à la longue... mais non! Aucunement! Même que les scènes de rush sont si bien décrites que l'on est aspirés dans la vague de stress du personnel au point d'en ressortir nous aussi cette espèce d'adrénaline. Ce n'est pas compliqué, notre vitesse de lecture augmente en diapason avec l’exécution de leurs actions. Bien vite, on ne fait qu'un avec notre lecture.

Alcoolisme, gambling, toxicomanie et autres vices sont à l'honneur.
Ce livre ne fait pas dans la dentelle et c'est tant mieux. Stéphane Larue y aborde ces sujets chauds sans nous faire de cachettes, sur un fond de musique de metalleux. On a tendance à fermer les yeux sur les problèmes de dépendances... par honte? Par peur de trop se mouiller? Eh bien, c'est tout le contraire dans ces pages et le roman en est alors que plus enrichissant.

Bref, une œuvre coup de poing que l'on dévore, mettant en vedette un anti-héros auquel on s'attache et  à qui l'on souhaite de se sortir de ces démons.

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L'avis de Lady Bridge :

Ce livre est vraiment un oeuvre à découvrir. Il peut paraître gros au premier coup d'œil, mais il se lit vraiment très très bien.

Stéphane Larue nous amène dans les coulisses d'un restaurant durant le temps des fêtes. Nous côtoyons des personnages délurés, baignant dans l'alcool et le speed, soir après soir. Nous découvrons Bébert, un cuisinier hors-pair, mais sûrement pas recommandable pour des fréquentations. Son rythme de vie en essoufflerait plus d'un ! Sans Bébert, ce livre aurait probablement une autre dimension. Il y a Greg, le gars croche dont il faut se méfier. Et bien sûr il y a Stéphane dont nous aurions envie de brasser afin qu'il puisse reprendre le contrôle de sa vie. Et pleins d'autres personnages, tout aussi intéressants, qui gravitent autour d'eux.

J'ai été captivée du début à la fin. Il m'était très difficile d'arrêter ma lecture, car une fois plongée dans l'histoire, on veut continuer encore et encore ! J'ai été surprise d'être imprégnée si rapidement de cette ambiance un peu folle d'une cuisine de restaurant. On n'a pas idée à quel point ça va vite en coulisse quand nous sommes assis tranquillement en train de déguster un repas.

Malgré que Bébert n'est pas un enfant de choeur, il n'en demeure pas moins mon personnage préféré. Je l'ai adoré !!

Si vous n'avez pas encore lu ce magnifique roman, je vous le conseille fortement ! Il vous faudra peut-être vous habituer à un langage un peu cru, mais le livre n'aurait pas été aussi bon écrit autre d'une autre façon. 

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L'avis de Mlle Lambert : 

Un gros gros 4 - presque 5 - étoiles sur 5 pour ce chef d’œuvre écrit par Stéphane Larue.

C’est le premier roman de cet auteur et je dois dire que je suis vraiment époustouflée! L’univers de la restauration ne pourrait pas être mieux illustré et je comprends maintenant pourquoi ce roman a remporté autant de prix. Je n’ai jamais vraiment joué aux loteries (encore moins été dépendante), ni travaillé dans le domaine de la restauration, et pourtant, c’est comme si j’y étais. Je le visualisais précisément chaque scène et je ressentais avec puissance les différentes émotions du personnage principal. C’est fou comme l’auteur est doué pour décrire la vie folle de la restauration. Les scènes sont si bien décrites qu’on ressent le rush des cuisines et, comme par magie, notre rythme de lecture s’accélère. On perçoit la graisse qui envahi l’eau de vaisselle du dish pit, les relents nauséabonds du steam pot et le vacarme des partys de fin de soirée.

C’est pas compliqué, l’auteur a écrit un livre de 569 pages sur la vie quotidienne d’un jeune plongeur endetté et accro au jeu et a gardé mon attention - et celui de beaucoup d’autres lecteurs - jusqu’à là toute fin de l’histoire. Chapeau!

xx

Auteur : Stéphane Larue
Éditions : Le Quartanier
Parution : Octobre 2016
Pages : 573

 

 

Le plongeur
Crédit Photo : Bookivores

Crédit Photo : Bookivores

Lu par Lady Bridge le 3 Novembre 2018
Lu par MissDupont le 18 Janvier 2019

Lu par Mlle Lambert le 10 Janvier 2021

Publié dans LittQc

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