Terminus

Publié le par MissDupont

"Assise derrière mon volant, j’affronte un défilé d’indifférence journalière. Je m’écrase devant l’arrogance qui me pique de la pointe d’un menton, je sursaute devant la violence démesurée d’un simple geste, je transpire sous la haine qui me respire à grands coups de poumons, je disparais lorsqu’on m’ignore derrière un texto. Je vois la perversité dans un sourire sans sagesse, j’entends la folie d’une discussion sans amis; la drogue explose dans des corps saccadés, l’ivresse coule sous la mollesse de peaux traînées…"

Récit inspiré d’anecdotes réelles, Terminus peint le quotidien d’Anne, une conductrice d’autobus désenchantée de ses tête-à-tête forcés avec la société, qui l’ont contrainte au repli. Au fil de scènes tendres ou dures, souvent insolites, l’auteure engage une réflexion sur les dysfonctionnements sociaux mis en évidence dans le huis clos d’une carrosserie.

 

L'avis de MissDupont:

Avec Terminus, on se plonge en quelque sorte dans le récit intime d'une conductrice de la STM où chaque - court - chapitre représente une nouvelle journée dans sa réalité pas toujours rose.  

 

Un roman somme toute plutôt bref - il compte une centaine de pages - qui nous permet de poser un regard totalement différent sur ces chauffeurs d'autobus qui sont devenus invisibles aux yeux des usagers des transports, tout en nous faisant prendre conscience de la bêtise humaine qui gangrène notre société.  

 

Ce livre pourrait se lire rapidement, mais la plume de l'auteure est si poétique, si belle, que je ne pouvais faire autrement que de prendre mon temps. Bien que ce ne soit pas un récit teinté de bonheur, la façon que Nathalie Lagacé nous dépeint la réalité des transport en commun est si réaliste et si bien exécutée, qu'on ne peut faire autrement que d'apprécier cette lecture. 

 

Une belle découverte ici! 🙆 

Auteure: Nathalie Lagacé
Éditions: Sémaphore
Parution: Août 2016
Pages: 111

- Mets la carte là, Simon.
Bip!
- Bravo! Donne la main à maman, on va aller s'asseoir.
Pas de "Dis bonjour à la madame", pas de "Dis merci à la madame". L'appareil a fait bip, donc tout a été exécuté comme convenu, en oubliant les convenances. Un futur qui saura bien s'y faire avec les machines.
Un vieux chien, la queue entre les fesses, le dos rachitique et arrondi, tremble de froid devant un restaurant. Il implore son maître à la fenêtre. Un ingrat qui boit un petit café bien au chaud, tandis que son fidèle compagnon doit patienter sur un sol glacial qui lui blesse les pattes. Mon coeur craque de tristesse et j'ai peine à retenir mes larmes. Comment puis-je éprouver de l'empathie pour ce chien quand le dégoût m'a envahie lorsque j'ai croisé un clochard quelques rues auparavant? Et voilà où j'en suis, si blessée par la race humaine que je sympathise uniquement avec les animaux!

Extrait p.37

Crédit Photo : Bookivores

Crédit Photo : Bookivores

Publié dans LittQc, Contemporain

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