Ouvrir son coeur

Publié le par MissDupont

Ce livre s'appelle Ouvrir son coeurLe sujet de ce livre, c'est la honte. Ce livre raconte ma vie, des morceaux de ma vie. Il raconte la solitude d'une enfant, l'école peuplée de camarades qui savaient, eux, comment être des enfants, comment être un groupe, alors que je ne savais pas. Il raconte l'histoire de mon œil. Il raconte les chirurgies, la peur, et l'amitié fusionnelle et jalouse avec une petite fille lumineuse, que la mort guettait. Il raconte une adolescence atrabilaire et secrète. Il raconte une petite ville industrielle, son usine immense et inhumaine, aux allures de vaisseau générationnel, et l'été de terreur et d'hébétude que j'y ai vécu, avant ma fuite à Montréal, qui n'arrangera rien. En racontant, j'essaie de comprendre comment les souvenirs deviennent des souvenirs, les personnes des personnes, les livres des livres. L'instant présent est inconnaissable et le passé est perdu. Les souvenirs, les livres, les personnes se construisent en se racontant. En se racontant, ils se transforment. Rien n'est jamais fixé. Au bout de cette histoire se trouve la mort. Ce livre s'appelle Ouvrir son coeur. Le sujet de ce livre, c'est la mort. — A. M.

L'avis de MissDupont : 

Quand tu as passé le 3/4 de ta jeunesse en campagne, à plus de 3h de route de Montréal... tu ne peux faire autrement que de te reconnaître à travers les pages de ce roman.

Née à Montréal, vécue dans une banlieue de la Rive-Sud pendant 6 ans ensuite et se retrouver au fin fond d'un trou en campagne à l'âge de 8 ans pour le reste de ma minorité... j'ai passé mon adolescente à ressentir ma différence auprès de mes pairs. J'ai vite découvert que Windsor et Mont-Laurier, ce n'est pas tant différent quand tu parcours les premières pages du livre. Tout arrive plus tard dans ces coins-là... Mode vestimentaire, styles musicaux... à croire que l'on vit sur une autre planète. Alors si en plus tu n'entres pas dans le moule des jeunes de ton âge... tu te sens vite isolée. Si tu es une fille cute, les  autres filles t'auront vite en aversion (parce que tsé, les filles de la campagne c'est tissé serrées) disant que t'es weird ou bien fucké, alors que les gars, eux, seront charmés par ta différence, te trouvant un petit côté exotique. Mais au fond de toi, tu te définis comme un extra-terrestre.

 

À travers ce roman, l'auteure semble tracer le portrait d'une jeunesse qui fait sans doute écho à la sienne et expose les dommages collatéraux - si je peux l'exprimer ainsi - lié à son trouble de l'anxiété que cela peut avoir engendré au sein de son cheminement de vie.

 

Une lecture intéressante sur plusieurs côtés.
Seulement, voilà... par moment, j'ai trouvé ça lourd.

Auteure : Alexie Morin
Éditions : Le Quartanier
Parution : Novembre 2018
Pages : 376

À la maternelle, on nous demandait de faire des exercices dont je ne comprenais pas l'utilité. Tracer des images, des maisons, des ballons, des chats, en reliant des pointillés. J'avais plein de questions, la première : pourquoi ne pas dessiner directement un ballon? C'est juste un cercle. J'aimais l'activité où il fallait composer des phrases avec des pictogrammes. Ils étaient gravés sur des blocs de bois qu'on disposait sur un tableau : Je Mange Pomme. Je Aime Grand-Maman. Mais j'ai surtout le souvenir d'infinis exercices de traçage que je réussissais pas très bien. Ça va, j'ai compris, c'est une citrouille, on peut faire quelque chose d'intéressant maintenant? Mes lignes n'étaient pas droites, ma copie n'était pas propre, je ne m'appliquais pas. Ces exercices servaient à apprendre à s'appliquer, et pas à dessiner des citrouilles, des voitures, des sapins de Noël. Applique-toi un peu, Alexie.

Extrait p.110

Crédit Photo : Bookivores

Crédit Photo : Bookivores

Ce billet a été corrigé à l'aide de Antidote 10

Publié dans LittQc

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