Je t'aime beaucoup cependant

Tout le Québec a été bouleversé par l'affaire Cédrika Provencher.
Avec Je t'aime beaucoup cependant, Simon Boulerice propose un roman percutant qui s'inspire de ce drame.
Depuis des années, Rosalie traîne un poids immense lié à la disparition non élucidée de sa meilleure amie, Annie-Claude, alors qu'elles avaient neuf ans. Lorsque les ossements d'Annie-Claude sont découverts dans un boisé proche de leurs maisons familiales à Magog, les souvenirs des derniers jours d'une enfance volée noircissent de plus en plus le quotidien de Rosalie, au point d'entacher sa relation avec Vincent, son amoureux. Serait-ce possible qu'une peine d'amitié soit plus vertigineuse qu'une peine d'amour ?
L'avis de MissDupont :
Simon Boulerice ou l'art de visiter le thème du deuil avec un grand D.
On le sait tous, on s'entend tous pour le dire... Simon a un talent fou! Et il nous le prouve encore une fois dans ce plus récent roman.
Je ne crois pas qu'il puisse exister un québécois qui ne connaisse pas l'histoire de Cédrika Provencher. Du moins, ce que les médias ont pu nous dire... car intimement, nous en savons très peu. Bien que Je t'aime beaucoup cependant soit une fiction, il n'en est pas moins que l'auteur se soit énormément inspiré de ce drame bouleversant, au point que nous ayons le sentiment de nous immiscer dans la relation d'amitié entre deux jeunes filles.
Quelle marque indélébile peut avoir la perte tragique d'une amie chez une gamine de 9 ans? Quel trou béant cela laisse-t'il?
On en prend conscience dans ce livre... et on en versera quelques larmes par moments. Juste d'y repenser au moment d'écrire ce billet, les larmes menacent d'apparaitre au coin de mes yeux et j'ai le coeur qui se serre.
L'affaire, voyez-vous, c'est que de la façon que c'est écrit... nous avons l'impression que nous sommes cette personne disparue et que notre amie nous parle, nous écrit... bref, nous fait comprendre à quel point notre absence lui a fait mal tout au long des 10 dernières années...
Un roman tout simplement fabuleux, croyez-moi!
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L'avis de Mlle Lambert :
Depuis la disparition de sa meilleure amie il y a 9 ans, Rosalie vit dans la désillusion la plus totale. Sa relation – malsaine – avec son copain la laisse amer, ses parents lui donnent l’impression de suffoquer et la disparition d’Annie-Claude plane toujours au-dessus d’elle, l’empêchant de vivre dans le présent.
J’ai beaucoup aimé l’approche qu’a utilisée Simon Boulerice pour nous plonger dans cette fiction basée sur la disparition de Cédrika Provencher. On en a tellement entendu parler, mais – quand on y pense – on nous l’a toujours présentée sous le même angle… De retravailler cette histoire pour nous offrir une approche beaucoup plus intime m’a totalement bouleversé. Chapeau à Simon qui nous offre, encore une fois, une histoire gorgée d’émotion grâce à sa plume poétique et profondément humaine!
La façon dont l’histoire nous est racontée, comme si Rosalie se confiait à nous, son amie disparue. Elle ne mâche pas ses mots et nous confie tous ses ressentis. On ressent toutes les émotions que ressent Rosalie, de nombreuses années encore après la disparition de sa meilleure amie. Cet événement tragique l’a marqué à jamais et a irrémédiablement changé sa vie. On tourne les dernières pages de ce livre avec le cœur gros.
xx
Auteur : Simon Boulerice
Éditions : Leméac
Parution : Septembre 2018
Pages : 260
Le mois des morts, novembre, se termine sous peu. Je conclus mon adolescence ces jours-ci. Je l'ai inaugurée sans toi et je la boucle sans toi. Tu ne m'auras jamais vue avec de l'acné - chanceuse. Tu n'auras jamais été là pour me raisonner et me forcer à abandonner mon énième nouveau régime, me jurant que je n'en ai pas besoin - c'est un peu ça, la job d'une meilleure amie : rassurer sur le poids et la beauté. Tu n'auras jamais été là pour me passer un tampon en dessous d'une cabine, dans les toilettes de l'école secondaire de La Ruche - tiens, Rose, capote pas, j'ai ce qu'y faut.
Rose, capote pas, j'ai ce qu'y faut.
J'aurais tant voulu entendre ça de ta bouche. Être rassurée, un peu. Que tu t'acquittes de ta tâche de BFF jusqu'au bout. Que tu m'offres, bar ouvert, tes conseils, tes serviettes sanitaires, ton mascara et ton épaule, pour que je me repose de temps à autre. Je n'ai eu aucune épaule l'an passé. Mes parents sont là pour moi, oui, mais tu comprends ce que je veux dire. La présence d'une amie n'a pas de prix. Personne n'a pris ta place de tout le secondaire. En fait, la case BFF de mon CV est vacante depuis l'âge de mes neuf ans.
Lu par MissDupont le 18 Septembre 2018
Lu par Mlle Lambert le 02 Février 2019