Occupe-toi des tiens /// Mind Your Own Tits

Ces femmes, ces seins, ces loupiots pendus à leur buste, à leur cœur,
ce sentiment d’impuissance, ce sentiment de courage, ce souhait de briser le silence, de briser l’isolement.
Bref, normaliser l’allaitement. Ce mouvement, ce recueil, c’est un cri du cœur, un don de soi,
Terminés, les jugements. On a souvent entendu l’expression «Ça prend un village pour élever un enfant.»
Mind Your Own Tits fait référence à ce dicton, dans le sens où l’ensemble de la société doit contribuer à créer un environnement exempt de critique pour qu’une mère soit en mesure d’allaiter son enfant et de persister dans cette voie.
Afin de poser une action concrète qui viendra en aide aux femmes souhaitant allaiter, et afin de briser l’isolement, 100% des profits générés par le projet Occupe-toi des tiens /// Mind Your Own Tits seront remis à l’organisme à but non lucratif Nourri-Source.
Les photographies réalisées dans le cadre de ce projet mettent de l’avant des entreprises montréalaises qui accueillent les femmes qui désirent allaiter, sans obligation d’achat.
On dédie ce livre à Roméo et à nos autres enfants à venir.
Maude Colin & Sabrina Garneau
L'avis de Mlle Lambert :
Maude Colin et Sabrina Garneau nous offrent ici un recueil de poésie collectif et bilingue afin de nous sensibiliser sur l’allaitement. Un recueil aux images incroyables, qui dénoncent une réalité vécue par énormément de femmes. Des images qui peuvent déstabiliser – moi la première – mais qui ne tombent aucunement dans la vulgarité.
Mind Your Own Tits est un recueil de poésie dénonciateur qui crie haut et fort, pour nous les femmes, que l’allaitement est un geste beau et naturel. Moi-même, qui n’est pas très à l’aise avec ce geste qui fera très vite partie de mon quotidien, j’ai été grandement inspirée par ce recueil, ses poèmes et ses images.
Allaiter dans le noir
Maude Colin
Mon poupon pendu à mes seins
Sa langue à peine dénouée
Ses lèvres encore humides
Et déjà victime de ton raisonnement
Ton regard désapprobateur
Posé sur ma poitrine
Que tu fixes comme une vitrine
La chair de ma chair
Qui s’abreuve à sa mère
Tes jugements péremptoires
Devrais-je allaiter dans le noir?
Premier réflexe lorsqu’on parle d’allaitement : se cacher. Dissimuler l’action de nourrir notre enfant pour ne pas choquer les autres. Je suis la première à penser de cette manière si populaire. De me dire que c’est plus respectueux. Mais cette œuvre nous mène à penser différemment et à changer notre vision pour le mieux.
Les poèmes rendent l’allaitement tellement plus beau, tellement plus naturel et anodin que ce à quoi nous sommes habitués. Chacun a son mot à dire et tous ont trouvé écho en moi :
Milkshake
Steph Von rob
My milkshake brings all the boys to the yard
Show me your tits
Catcalls su’l coin d’la rue
Une danse à dix
Toute pour le cul
Push up bra d’la Senza
Show me your tits
Dans les pubs de broue
Show me your tits
Juste pour nous
A baby is born
Little lips qui s’abreuvent
Les mamelons Oasi
Bin la, hide your tits
Maudite exibitionniste
Show me your tits
When I say go
As long as le lait coule pas trop
Dictature du corps
My body, my choice
Mind your own tits
My body, my voice
Je ne sais pas encore comment cela se déroulera pour moi, mais je crois qu’il est important que celles qui choisissent de s’assumer pleinement dans cet acte purement naturel puissent le faire en toute liberté et sans aucune pression sociale.
xx
Auteures : Maude Colin & Sabrina Garneau
Éditions : Maman Gaga
Parution : Janvier 2018
Pages : 79
AT FIRST IT DIDN’T HURT
Rachel St-Louis
How should I start this?
How does it work?
Will my baby latch on and will it hurt?
I found myself asking these questions
As I lay on the operating table
I was determined to do it and wanted to try
Even though there was the possibility that I would cry
When he finally came out, I burst into tears
His skin was fresh and soft. His lungs loud and clear
He was healthy as a bee and I was ready to breastfeed!
I held him close to my breast
Skin to skin. The warmth of his tiny body against my chest
As he puckered his lips and opened his mouth, he latched on immediately
To my surprise
At first it didn’t hurt
At first I didn’t cry
I was too overwhelmed by the fact that he was here, perfect and alive
My tiny creation: a combination of love and procreation
But when we finally got home, I started to feel a bit sore
The pain had started and I couldn’t believe it
My nipples were red and supersensitive. It almost felt like it was burning
But I didn’t panic. I didn’t quit
I simply reminded myself that I would get used to the feeling
I was determined to do it. I wanted that bond
I wanted to offer him something that only I could give him
My mind was set, no matter what
I was going to breastfeed, and that was that
Some days were tough. I would find myself sweating
Some days were easy. I would find myself smiling
Little by little, the pain faded
Finally, we were experiencing the comfort and bond
No one but me could feed him
No one but me could soothe him
He was attached to me
The sound of my voice, the smell of my skin, the warmth of my body, and the taste of my milk
Specially made for no one but him