Le Cri des oies

«Ce soir, je ne suis plus certaine que je t'aime. Je pense que tu nous doit des excuses. Si tu étais là, devant moi, je t'arracherais le coeur, tout juste là où je ne sens plus rien.»
Marcel meurt subitement à 43 ans, devant son fils et sa femme. Dans leur maison de banlieue, tout vole en éclats. Pour survivre au drame, Émile lit à voix haute les lettres d’amour de ses parents avant de s’endormir. Joanne mélange la benzodiazépine et le vin blanc, les cris et les larmes. Mais le rire de son fils sera cette ficelle qui la gardera en vie et lui donnera l’élan de la remontée. Ensemble, forts de leurs cœurs écorchés et condamnés à aimer à perpétuité, ils se lanceront à nouveau dans la vie, la tête bien haute, comme les oies fortes dans le plein ciel.
Le récit émouvant et juste de citrons très amers devenus limonade.
L'avis de MissDupont :
Il ne m'aura suffi qu'une dizaine de pages seulement pour que l'ampleur du drame de l'auteure ne me saisisse les entrailles, que les larmes se mettent à couler abondamment et me forcent à faire une pause afin de me ressaisir.
Je l'avais pressentie à la simple lecture du synopsis, mais j'en avais à présent la certitude...
Je ne sortirais pas indemne de cette lecture!
Joanne Gauthier écrit Admirablement bien. Elle a une poésie toute particulière dans cette façon qu'elle a de nous donner accès aux émotions, aux perceptions, à ce vécu qui fait d'elle... la femme remarquable qu'elle est désormais. Car voyez-vous, un deuil... ça laisse une cicatrice profonde que le temps ne pourra jamais camoufler.
J'avais été profondément touchée par l'entrevue que j'avais lue sur Joanne en lien avec la sortie éminente de son roman et je me suis vite sentie interpellée par ce livre étant donné le sujet qui y était abordé. Mais ce n'est rien à comparer à ce que j'ai pu ressentir par la suite en lisant ce fameux roman.
Le Cri des oies c'est le genre de livre qui nous plonge au plus profond de nous-même, qui nous remue, qui nous tord le cœur en mille... tout en nous faisant du bien. On vit ce drame avec toute l'invulnérabilité qui émane qui sommeille en nous et nous en ressortons avec ce sentiment que nous pouvons surmonter l'insurmontable.
Comme je disais à Joanne à la fin de ma lecture, je n'ai pas vécu la perte de mon conjoint, mais j'ai vécu celle de mes points d'ancrage... orpheline trop vite, trop tôt, trop tout d'un coup...
Cette souffrance, cette douleur que je porte en moi depuis 3 ans et pour lesquels on ne m'a jamais préparé... je me suis enfin sentie comprise à travers ses mots, ses émotions. Elle m'a apporté un certain apaisement intérieur.
Je me suis toujours questionnée à savoir si l'on "guérit" d'un deuil...
Je sais maintenant que non! Du moins, pas tout à fait.
On apprend à vivre autrement, tout en ayant conscience qu'une partie de nous s'est envolée, mais que la vie continue et doit être vécue.
J'aurais pu vous partager un nombre incalculable de passages de ce roman tellement c'est beau... mais alors je vous aurais retranscrit le livre au grand complet.
Comme le dira si bien Joanne vers la fin du livre... "Le destin ne s'épuise jamais... il nous suit."
Auteure : Joanne Gauthier
Éditions : Québec Amérique
Parution : Septembre 2017
Pages : 167
Je porterai le deuil longtemps.
Je te traînerai partout avec moi.
Plus personne n'entrera en moi, me suis-je promis. Sauf ton souvenir. Et aucun lac, jamais - fût-il aussi merveilleux que le nôtre -, ne pourra m'émouvoir à nouveau. Et je ne serai plus jamais chaude dans aucune nuit d'été, même caniculaire.
Et souvent je chercherai ce regard bleu tendre dans les yeux d'inconnus qui auront eu la délicatesse de m'ouvrir une porte pour m'aider à entrer dans la vie.