Le legs d'Eva

Publié le par MissDupont

«Elle regarda autour et remarqua qu’ils étaient au fond de la ruelle. Dehors, dans la rue, la lueur des réverbères peignait la neige fraîche d’un orange de cantaloup. C’était à une certaine distance et elle ne se rappelait pas être venue si loin. Elle tourna son regard vers Mark et vit seulement la faible lueur orange sur le côté gauche de son visage. Soudain, elle sentit sa bouche ouverte, mouillée autour de la sienne, tandis que Mark lui écrasait le dos contre le mur. Sa force lui coupa le souffle et elle ne pouvait pas respirer. Elle ne pouvait pas crier, et elle se débattait pour mettre ses bras entre eux quand elle le sentit fourrer sa main entre ses jambes. Son cœur battait à tout rompre et la panique la reprit. Mais c’était une panique beaucoup plus intense et épouvantable. 
Son instinct la fit lui donner un coup de genou dans les couilles. C’était le coup le plus fort qu’elle ait jamais donné. […] 
  — Fucking indienne! cria-t-il en lui cognant d’un poing puissant la joue gauche.»

L'avis de MissDupont :

À l'occasion du défi de juin de Le fil rouge - dont le thème était "littérature autochtone" - mon choix s'est arrêté sur Le legs d'Eva de Waubgeshig Rice, le tout premier roman de l'auteur.  

 

Pour avoir découvert les Éditions David à travers le roman Hubert, le restavèk - lors d'un précédent défi -, roman qui m'avait énormément plus, j'avais hâte de tenir de nouveau un livre au format allongé typique de cet éditeur.  

Mais voilà... cette fois-ci mon emballement fut éphémère. 

 

Je peux d'ores et déjà vous dire que l'auteur n'est pas avare de détails. Tout est décrit avec une extrême précision faisant en sorte que vous pouvez imaginer chaque scène, chaque geste sans trop de difficulté. Bien que beaucoup de lecteurs adorent cette délicate attention, malheureusement pour moi, cela fit en sorte que le récit était parfois lourd à mes yeux. Beaucoup de détails pour trop peu d'action dans un même chapitre. 
En voici un petit exemple :

L'éclairage fluorescent d'un jaune crème et la sécheresse stérile de la salle d'attente de l'hôpital étaient inoubliables. Il était assis, le dos courbé et regardait fixement les fines lignes croisées vert émeraude qui formaient le motif du sol en vinyle.

Bien que je n'aurai pas lu l'intégralité du roman (il m'arrive rarement d'abandonner une lecture, mais parfois l'inévitable se produit), j'ai bien aimé le fait que le récit soit divisé en quelques chapitres représentant divers membres de la fratrie du clan Anishinaabe pour se terminer par le meurtrier de l'une des soeurs. Ça m'a permis d'en apprendre un peu sur le peuple indien - et de constater qu'on nous en parle trop peu dans nos cours d'histoire - tout en bouclant bien la boucle par cette forme de "justice rendue" vu l'acte que le dernier personne avait commis dans le tout premier chapitre 

Je sais.. c'est assez flou et mystérieux mon affaire 😄 mais je ne voudrais pas vous dévoiler quoi que ce soit.

Auteur : Waubgeshig Rice
Éditions : David
Parution : Mai 2017
Pages : 306

Eva se mit à sa place habituelle, à mi-hauteur, complètement à droite face au devant de l'amphithéâtre; pas tout à fait cachée, mais pas en évidence non plus, Pourtant, elle se distinguait dans cette foule, qu'elle le veuille ou non, étant l'un des rares visages basanés et la seule Autochtone, à sa connaissance. On l'avait repérée au début du semestre quand la première discussion sur les "Indiens" avait surgi et que le prof avait demandé aux "Indiens" dans le cours de lever la main. Son bras s'était levé doucement comme une bouée docile dans un lac placide mais redoutable. Ça lui avait ainsi collé une cible dans le dos; pas pour l'hostilité directe de ses camarades de classe, mais pour une image à laquelle ils pouvaient attacher tous les stéréotypes qu'ils avaient appris en grandissant.

Extrait p.33

Crédit Photo : Bookivores

Crédit Photo : Bookivores

Publié dans LittCa, Drame

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