Chemin Saint-Paul
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Auteure: Lise Tremblay
Éditions: Boréal
Parution: Septembre 2015
Pages: 110
Quatrième de couverture:
Mon père mort, il n'y avait plus de rempart à la folie de ma mère, plus rien pour la contenir, plus rien pour l'empêcher de la consumer complètement. Plus rien, non plus, pour endiguer ce livre.
Entre la chambre blanche, où elle se bute au silence de sa mère, et la chambre bleue, où elle a accompagné son père jusqu'à son dernier souffle, se déploie un espace que Lise Tremblay parcourt pour retracer la vie de ses parents. Leur enfance marquée par la pauvreté, la folie et les aléas de l'histoire. Puis, leur vie, pareille à toute vie, une longue quête de réparation.
Dans cette double cérémonie des adieux, Lise Tremblay dénoue avec une infinie délicatesse les liens qui nous unissent à ceux qui nous ont donné la vie.
L'avis de MissDupont:
Quel roman sublime et bouleversant!
Ce récit de Lise Tremblay, se trouve en quelque sorte être la racine de sa plume. Son passé trouble causé par la démence de sa mère, par la pauvreté. Toute cette terreur du quotidien qui l'on poussé à l'exil, qu'il l'amenait au déni face à la réalité. Ce besoin d'extérioriser le méchant qui restait coincé à l'intérieur, l'on poussé à l'écriture.
On alterne entre la chambre bleue, en soin palliatif ,où l’auteure accompagne son père dans la mort et la chambre blanche, de l'étage de psychiatrie, où elle est confrontée à la folie de sa mère.
L'écriture simple, mais ô comment poétique de Mme Tremblay, nous permet de facilement chausser ses chaussures et de ressentir ses sentiments et ses ressentiments face à ce vécu éprouvant.
Une lecture qui va droit au cœur et que je relirais à coup sûr encore et encore, tant il a su me toucher.
Je ne savais pas qu'au fil des jours que je passerais avec lui dans cette chambre, j'allais rencontrer mon père. J'allais rencontrer un homme que je croyais connaître mais dont j'ignorais tout. Malgré le flot de mots déversés dans des pièces aux lumières tamisées, il ne m'était jamais venu à l'esprit que la folie de ma mère avait pris toute la place. J'étais trop prise par ma propre survie. Mon père m'a dit: "Tu sais, quand on a déménagé dans le rang 6, pendant un an, je me suis caché derrière la grange pour pleurer." Je me suis rapprochée de lui. Il a continué: " À Jonquière, pour un petit gars, c'était une belle vie." Je lui ai pris la main. La grande main noueuse et rêche de mon père, une main à la peau un peu plus foncée que le reste de son corps. Il disait que l'huile à moteur et le froid les avaient tachées à jamais. Pendant des jours, cette main se refermerait sur la mienne. Maintenant, lorsque j'y pense, je peux en sentir tous les contours. C'est un souvenir physique, immuable.