Montréal Insomniaque

Publié le par MissDupont

Un jour, on vient habiter Montréal. On y survit un temps, puis on part mourir en banlieue. C'est le cycle du Québec (ici, la mort, c'est un rite périphérique). Nos enfants viendront y habiter aussi. Comme nous, ils tomberont amoureux de cette île de fous, de ce bout de presque-pays à rêver debout. Comme nous, ils oublieront d'y dormir.

Francis Juteau signe un premier roman à la voix unique, où le métissage des genres littéraires est effectué avec une rare habileté. La culture et la vivacité d'esprit de l'auteur transpercent dans ce texte haut en couleur, donnant à lire un récit des plus sentis.

L'avis de MissDupont : 

Pour être unique, il n'y a pas à dire, ce l'est.
On ne s'ennuie pas en lisant Montréal Insomniaque.

Que ce soit par les titres de chapitre tous aussi originaux les uns que les autres, par les différentes mises en page ou par le style de langage utilisé, on s'en va complètement ailleurs tout en restant au cœur de notre Métropole.

Tsé, pas toujours besoin d'une peine d'amour pour commencer à écrire au Québec. Toi qui adores marcher Montréal, on s'y arrachera tout notre linge de chapitre en chapitre, d'Ahuntsic à Saint-Henri, en dispersant les morceaux pour retrouver notre chemin.

On dit souvent que l'inspiration frappe les artistes lorsqu'ils font face à une rupture, à un deuil...
Dans ce roman, la fin d'un couple est en quelque sorte l'amorce du récit qui se transforme en espèce de pèlerinage nocturne de la ville de Montréal. 

Créativité
C'est le mot que m'inspire cette lecture totalement loufoque.
Mais malgré que je lève mon chapeau à l'auteur pour avoir su s'éclater à fond dans l'écriture, il manquait un petit je-ne-sais-quoi pour capter pleinement mon attention.

Bref, j'ai aimé... mais sans plus.

Auteur : Francis Juteau
Éditions : Au Carré
Parution : Octobre 2018
Pages : 197

J'écris encore, j'écris tout. J'écris un rire de bébé, un crissement de pneu, un bedonnant en robe de chambre sur un balcon incliné. Tout flotte. Je capture et j'attrape, chasseur d'images. Les lieux, les objets et les êtres se confondent et se bousculent.
En traversant la rue, un taxi me bouscule à son tour. À bas les taxis, je ne les apprécie pas. Ce n'est pas la faute des chauffeurs. C'est juste qu'à faire le tour de Montréal en motorisé, on manque tout ce qui fait cette ville. Les cordes à linge, les cris de ruelles, l'odeur des croissants. On manque ce livre usagé qui n'attend rien que d'être adopté, cette montagne de fruits vendue libre-service aux abeilles, ce vieux Don Juan au piano du parc, ce chat qui veut vous ronronner tous ses secrets, ces femmes qui s'embrassent, et ces hommes aussi. Montréal est dans les petites choses. Micro-Montréal. Y marcher, c'est se rendre disponible au réel, attendre qu'il vienne à vous, éviter qu'il vous glisse sous les yeux en vous faisant la grimace à travers la fenêtre de votre véhicule. Pendant quelques minutes, le vent se lève plus fort qu'à l'habitude, et bruisse dans mes oreilles jusqu'à devenir un ouragan de quartier. J'avance en écrivant, poussé par le courant d'air chaud, et j'attends que Montréal ait fini de me souffler ses secrets. Coquine, va.

Extrait p.180

Crédit Photo : Bookivores

Crédit Photo : Bookivores

Publié dans LittQc

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