Je voudrais qu'on m'efface
Hochelaga-Maisonneuve.
S’y croisent sans se voir Roxane, Mélissa et Kevin, chacun de son côté du «bloc d’appartements», chacun au départ de sa vie. À douze ans, ils composent avec le monde dans lequel ils grandissent.
Entre le coin des putes, les matchs de lutte, les beuveries des adultes et la classe des «orthos», où on essaie de les intégrer, ils plongent dans leur imaginaire et tentent de sauver leur peau.
Y arriveront-ils?
L'avis de Lady Demers :
Ces temps-ci, j’entends souvent parler d’Anaïs Barbeau-Lavalette. Elle a récemment gagné le Prix littéraire France-Québec pour son roman La femme qui fuit, ainsi que le Prix des Libraires du Québec en mai dernier, toujours pour ce même roman. J’ai donc eu envie de découvrir la plume de cette femme.
Roxane, Mélissa, Kevin. 12 ans. Malgré le milieu dans lequel ils vivent, ils essaient de survivre du mieux qu’ils peuvent. Roxanne joue du violon et se prend pour Anastasia, un personnage russe de son livre, pour oublier sa mère qui boit je ne sais combien de bouteilles de bière par jour. Mélissa doit s’occuper seule de ses jeunes frères, car sa mère, qui est une pute, ne peut s’approcher d’elle à moins de 50 mètres. Et Kevin... Kevin, lui, vit au travers de ses jeux vidéo qui font Bang! Bang!. Son père est mécanicien, mais c’est aussi Big, un lutteur champion.
Je voudrais qu’on m’efface est une histoire fictive qui pourrait très bien être une histoire réelle. L’auteure dépeint très bien la misère de ce quartier dur et pauvre de Montréal. Roxane, Mélissa et Kevin représentent sûrement avec justesse la dure réalité de ces jeunes vivants dans un quartier défavorisé. Ces jeunes qui doivent composer avec des parents absents. La pauvreté leur pue au nez.
Anaïs Barbeau-Lavalette utilise un langage cru et un vocabulaire joual. Elle ne se gêne pas pour employer des sacres, des jurons. Les phrases sont courtes, régulièrement composées que d’un seul mot. Probablement pour nous faire ressentir toute la misère des personnages.
L’auteure y est allée d’une touche d’originalité quant à la façon de nommer les chapitres: ils sont en écritures russes. Je me suis questionnée tout le long du livre à savoir à quoi pouvaient bien correspondre ces lettres. Par contre, je n’ai pas cherché à trouver à quelle lettre de notre alphabet chacune des lettres russes pouvait bien correspondre.
Je voudrais qu’on m’efface est un livre qui frappe, un livre qui marque. Parce qu’il décrit la réalité de ces gens vivants dans des quartiers malfamés. Parce que cette misère est vraie, qu’elle existe réellement.
Auteure : Anaïs Barbeau-Lavalette
Éditions : Bibliothèque Québécoise
Parution : Août 2012
Pages : 152
Elle est là, de l’autre bord des cinquantes mètres légaux. Mais elle la regarde pas. Mélissa ralentit un peu. Elle aimerait juste ça qu’elle la regarde une miette, rien qu’un peu, juste, t’sais, qu’elle la regarde...