La trahison des corps

Publié le par MissDupont

« Alors que je resserrais mon foulard autour de mon cou, mes anticorps déposaient les armes. Moi, je me sentais vivante. Les feuilles tournaient au rouge, au jaune et à l'orangé. Certaines tombaient sous les bourrasques. D'autres, plus frêles, n'avaient besoin que d'une légère brise. Comme moi. Mais je ne le savais pas. »

Camille souffre d'un cancer incurable progressant très rapidement. Quelques mois après le diagnostic, elle décide de mourir.

Durant sa dernière journée, elle revient sur les événements qui ont fait éclater la famille qu'elle formait avec son mari et sa fille et réfléchit à son émancipation, après avoir longtemps cherché à taire ses différences. Elle redécouvre le début de sa vraie vie, si proche de la fin.

L'avis de MissDupont : 

L'annonce que tous nous appréhendons de recevoir un jour est chose réelle pour Camille : elle a le cancer. Pire... ce dernier est généralisé et plutôt féroce. De ce fait, il ne lui en reste que trop peu. Elle a 42 ans.

 

Le sujet est lourd et pourtant... Camille est une femme tellement lumineuse que la lecture de  son récit nous apaise. Au fil des pages on se laisse bercer entre ses souvenirs et son cheminement vers sa mort imminente. On apprend à la connaître et très vite elle vient s'accrocher à notre cœur. Nous disons souvent que ce sont les meilleurs qui partent en premier... eh bien Camille confirme ce dicton.

 

Tristesse

On la ressent, mais elle ne fait pas dans l’apitoiement. Elle est lucide de sa réalité, mais garde l'esprit ancré sur le positif. Elle nous donne envie de lui ressembler.

 

Émancipation

Tant d'années à s'oublier pour le bonheur des autres. Le destin mettra un joyau sur sa route lui faisant ainsi prendre conscience que sa réalité dormait au fond d'elle depuis trop longtemps. Pour une des rares fois de sa trop courte vie, elle choisira son propre bonheur et aussitôt on ressentira son épanouissement.

 

Bonheur

Parce que malgré cette fatalité que lui apporte la maladie, les autres sphères de sa vie sont enlignées et lui apporte joie et amour. Le bonheur de pouvoir enfin laisser libre court à qui elle est réellement, d'être aimée et d'aimer passionnément en retour.

 

Fatalité

On le sait dès le départ, elle n'y échappera pas. Mais elle aura au moins pu choisir quand et comment elle partira et ce, sans trop de souffrance.

 

Ce roman est d'une telle justesse que, du début à la fin, j'ai cru que l'auteure nous relatait la réalité d'une amie chère... et pourtant il n'en est rien. C'est poignant à un point que vous ne pouvez l'imaginer tant que vous ne l'aurez pas tenu entre vos mains.

La plume de Stéphanie est si douce, si belle que j'avais envie de vous mettre l'intégralité du roman en citation... je me suis résignée en vous en mettre un seul que je vous laisse découvrir un peu plus bas.

Auteure : Stéphanie Deslauriers
Éditions : Stanké
Parution : Septembre 2015
Pages : 132

Mon corps me rappelle sans cesse que je ne suis ni invincible ni insubmersible. Je suis le Titanic avançant dans une mer d'icebergs. Je ne peux pas les éviter : ils sont là, à m'attendre, avec leur froide immensité. On ne voit que leur pointe, incapable de s'imaginer l'ampleur sournoise et impitoyable de ce qui se tapit sous la surface.

Extrait p.22

Crédit Photo : Bookivores

Crédit Photo : Bookivores

Publié dans LittQc, Fiction, Général

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