Le vieux qui déjeunait seul

Tous les lundis à midi et demi, elle le voit s’installer à la table 10 et commander son bœuf-carottes, derrières ses verres fumés. Qui est donc ce vieil homme pour lequel Clara. La serveuse, sent d’emblée une tendresse infinie? Leurs deux solitudes, silencieuses et meurtries, se sont déjà reconnues. Elle, étouffée par une histoire qui la hante, lui, prisonnier d’un passé qui l’isole, s’échangeront les mots qu’il faut, les pardons qu’ils attendent, le plaisir de l’instant – une amitié pour la vie et le bonheur en héritage…
L'avis de Mlle Lambert :
Malgré la légèreté qui se dégage d’abord du roman, on comprend rapidement que souffrance et tristesse se cachent derrière le sourire, le calme et la joie de vivre de nos deux personnages principaux.
Léa Wiazemsky nous offre ici une histoire si triste et si belle à la fois. Un roman rempli d’une tendresse indescriptible. Deux personnages brisés par leur vécu se retrouveront pour redécouvrir la paix d’esprit et le bonheur qu’ils avaient tranquillement perdu. Deux âmes solitaires qui se trouvent pour combler le vide qui les habite. Comme quoi que ce soit en amour ou en amitié, le coup de foudre n’a pas d’âge.
Bref, Le vieux qui déjeunait seul est un petit bijou de moins de 150 pages qui se lit rapidement, mais qui parvient efficacement à mettre un baume sur notre cœur et un sourire sur nos lèvres.
À déguster!
xx
Auteure : Léa Wiazemsky
Éditions : Pocket
Parution : Avril 2017
Pages : 147
Je suis en avance devant le cinéma. Je veux la voir arriver de loin pour sentir mon vieux cœur bondir de joie. Enfin, la voilà! Elle est drôlement jolie. Elle semble si heureuse, elle aussi, de me retrouver! C’est elle qui a choisi le film. Elle dit que Gérard Philipe y joue son plus beau rôle. Comme il est étrange et émouvant de l’entendre me parler des héros de ma jeunesse comme s’ils faisaient partie de la sienne.
Après la séance, nous nous installons bien au chaud dans un café pour boire un chocolat. Je lui parle de mon rêve d’adolescent d’être comédien et des quelques pièces que j’ai jouées avec des copains. Bien sûr, elle me demande pour je n’ai pas persisté… Je ne trouve à lui répondre que :
- La guerre a éclaté…
Un silence s’installe entre nous. Et, chose très étonnante, c’est comme si elle savait de quoi je veux parler, comme si elle aussi avait vu ses rêves brisés par la guerre…
C’est le moment que je choisis pour lui offrir le livre. Sa joie est telle qu’elle en a les larmes aux yeux.
- C’est le plus beau cadeau qu’on m’ait jamais fait.
Je lui demande si elle connaît ce recueil et, à ma grande surprise, elle me répond :
- « Il neigeait. On était vaincu par sa conquête. Pour la première fois, l’aigle baissait la tête. Sombres jours! L’empereur revenait lentement, laissant derrière lui brûler Moscou fumant. »
Ma petite. C’est toit mon plus beau cadeau! En rentrant chez moi, je suis un autre homme. Je suis enfin en paix. Une petite voix me dit que les jours à venir, bien que peu nombreux, seront les plus tendres de ma vie. Profite, mon vieux!