Les contes interdits : Blanche Neige

Publié le par Mlle Lambert

Une femme coupable d’un crime dont elle n’a plus souvenir.
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 Une évasion vers une forêt où la noirceur ne vient jamais seule.
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La découverte d’un manoir abandonné aux secrets bien cachés.
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Des bougies qui s'éteignent, des ombres qui se lèvent, des objets qui se déplacent d'eux-mêmes.
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Et des coups qui résonnent contre la porte, avant qu'on ne la défonce…

Cette sombre réécriture du conte classique Blanche-Neige et les sept nains est un plongeon dans les eaux noires et visqueuses de la démence, du complot et du meurtre; un pas angoissant dans les ténèbres d'un passé oublié d'où les horreurs surgissent sans bruit ni crier gare. Il est déjà trop tard pour reculer. Que fuirez-vous d'abord : le présent, ou le passé?

L'avis de Mlle Lambert : 

Noirceur, dégoût, hallucinations… ** Cœurs sensibles, s’abstenir **

L.P. Sicard nous présente ici une adaptation glauque et assez perturbante du conte de Blanche-Neige et les sept nains. Non seulement par son côté « trash », mais également par la façon dont l’auteur nous raconte l’histoire qui nous laisse perplexe quant à ce qui se déroule vraiment versus ce qui se passe seulement dans la tête d’Émilie. La tension est forte et, tout comme la jeune femme, on ne sait plus quoi croire.

Dans cette version macabre du conte populaire, l’auteur, à sa manière bien à lui, a su reproduire les éléments clés de ce récit pour enfant dans un cadre totalement à l’opposée de sa version originale. La jeune fille à la beauté exceptionnelle qui parle aux animaux, le repaire des sept nains, la pomme rouge, etc.

Et plus l’histoire progresse, plus on s’attend à une fin totalement déstabilisante qui expliquera, à sa façon, plusieurs de nos interrogations. Et le plus troublant dans tout ça, c’est de se rendre compte que l’histoire, dans son entièreté, est ficelée autour de cette fin qui ne nous laissera pas indemne.

Quand à moi, ce roman signé L.P. Sicard est un véritable chef d’œuvre. Malgré quelques commentaires que j’avais aperçu ici et là avant ma lecture, j’ai été époustouflée (le mot est faible) par tous les petits éléments dissimulés dans l’histoire. J’ai lu celle-ci d’une traite et, à la fin, je n’ai pas pu m’empêcher de me mettre à réfléchir et à relever certains points de l’histoire auxquels je ne m’étais pas attardée tant j’étais captivée par ce qui se déroulait.

Je ne suis pas une fan de ces histoires dont la fin nous laisse place à interprétation car, trop souvent, celles-ci sont apportées comme un cheveux sur la soupe, sans plus de réflexion. L’auteur cherche une fin surprenante et inattendue sans réfléchir plus loin et sans penser que le lecteur a à cœur la cohérence de l’histoire et les personnages qui la ponctuent… il la vit carrément… mais la fin ici n’est pas comparable à celles-là. Le travail qu’il y a derrière Blanche Neige est incroyable. Chaque petite chose – semble-t-elle anodine – est présente pour une raison précise et les pistes d’interrogations sont nombreuses. Je m’amuserai certainement à relire cette histoire pour y déceler d’autres indices, car il est impossible que je les ai tous remarqués et retenus lors de ma première lecture tant je ne m’attendais pas à un roman de cette envergure.

xx

Auteur : L.P. Sicard
Éditions : AdA
Parution : Septembre 2017
Pages : 196

- Combien de fois nous sommes-nous rencontrés, Émilie? me demanda-t-il en haussant subtilement ses sourcils.

Je ne le savais pas je ne désirais pas répondre, de toute manière.

- Tu sais qu'il faudra, tôt ou tard, que tu me fournisses les réponses aux questions que je te pose. Il faudra, oui, que tu cesses de nier la vérité.

Il se redressa de moitié, approchant plus encore son corps du bien. Je parvenais à sentir son haleine qui, sans être nauséabonde, inspirait en moi un innommable dégoût.

- Que fais-tu à For Orée? me relança-t-il avec un aplomb qui me glaça le sang.

Je connaissais par cœur chacune des questions, à présent; j’urais aussi pu les énoncer moi-même. Ce que j’ignorais, dans la plus pure honnêteté de mon âme, était la réponse.

- Je souffre, eus-je l’audace de répondre.

- Et tu souffriras davantage, tant que tu ne voudras pas coopérer! Sais-tu pourquoi tu es internée? Quelles raisons ont fait de toi une détenue? Laisse-moi te donner un indice : Fort Orée est un institut pour criminelles mentalement atteintes. De quel crime es-tu accusée? Répond-moi!

- Je ne sais pas!

Ma récente témérité s’était évanouie; déjà, je sentais ma voix vaciller. J’aurais tant aimé qu’il puisse me croire : j’ignorais complètement la raison de ma présence entre ces murs! Qu’avais-je fait?

Extrait p.8

Crédit Photo : Bookivores

Crédit Photo : Bookivores

Publié dans LittQc, Suspense, Horreur

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