Au fond de l’eau

Pourrez-vous remonter à la surface?
En froid avec sa sœur Nel depuis des années, Julia n’a pas voulu lui répondre lorsque celle-ci a tenté de la joindre. Une semaine plus tard, le corps de Nel est retrouvé dans la rivière qui traverse Beckford, la ville de leur enfance. Obligée d’y revenir, Julia est terrifiée. De quoi a-t-elle le plus peur? D’affronter le prétendu suicide de sa sœur? De s’occuper de Lena, sa nièce de quinze ans, qu’elle ne connaît pas? Ou de faire face à un passé qu’elle a toujours fui? Plus que tout encore, c’est peut-être la rivière qui la terrifie, ces eaux à la fois enchanteresses et mortelles, où, depuis toujours, les tragédies se succèdent.
L'avis de Mlle Lambert :
Dès les premières pages, le ton est donné. On sent la tension entre chaque ligne, l’ambiance inquiétante qui se dessine au fil des pages. On découvre l’histoire par bribes, au travers différentes perspectives. Car on a ici un roman choral, on nous raconte ce qui est arrivé en se promenant des pensées d’une personne à l’autre. Nel était-elle dépressive? A-t-elle sauté de son plein gré? Ou, au contraire, a-t-elle été poussée, assassinée? Qui lui en aurait voulu à se point?
Au travers tout ça, plusieurs autres intrigues se dessinent. Qu’est-ce que Nikkie, qui se dit voyante, a vue? Et qu’est-ce qu’elle a dit à Nel lors de leur dernière conversation? Pourquoi Julia a-t-elle si peur de revenir à Beckford? Que s’est-il vraiment passé dans cette rivière ce fameux soir, des années plus tôt? Et pourquoi Lenna, la fille de Nel, s’en veut-elle autant? Est-ce en rapport avec le supposé suicide de sa mère? Ou plutôt avec celui de sa meilleure amie qui a perdue la vie au même endroit, dans les mêmes eaux sombres et glaciales?
Au fond de l’eau est plus un roman qui regorge d’intrigue que d’action. Personnellement, vers le milieu du livre j’ai trouvé que l’histoire n’avançait pas assez vite à mon goût. J’étais un peu tannée d’être tenue en haleine (hahaha! Vive ma grande patience). J’avais hâte qu’on aboutisse et qu’on découvre les éléments qui se cachaient derrière ces nombreux questionnements.
Finalement, malgré ce bémol, j’ai été contente de découvrir cette auteure dont on parle tant depuis La fille du train. Paula Hawkins a une des plumes les plus juste et les plus posée qu’il m’ait été donné de découvrir. Chaque mot est choisit minutieusement. Rien n’est laissé au hasard. C’est vague, c’est mystérieux, c’est déstabilisant. Tout le monde semble avoir quelque chose à se reprocher dans cette histoire. On soupçonne, tour à tour, chacun des personnages.
xx
Auteure : Paula Hawkins
Éditions : Sonatine
Parution : Juin 2017
Pages : 406
Ce n’était pas vraiment une surprise. J’ai repensé à ma conversation avec le surintendant le jour où il m’avait mise sur l’affaire – « c’est presque sûr que ce sera un suicide ». Apparemment, par ici, quand on est presque sûr, on clôt le dossier.
Et moi, ça ne me plaisait pas. Ça ne me plaisait pas qu’on ait retrouvé deux femmes dans la rivière en l’espace d’à peine quelques mois – deux femmes qui, de surcroît, se connaissaient. Elles étaient liées, par la question du « où » et par la question du « qui ». Elles étaient liées par Lena : meilleure amie de l’une, fille de l’autre. Lena, la dernière personne à avoir vu sa mère en vie, et la première à affirmer que tout ça – pas seulement la mort de sa mère, mais tout le système qui l’entourait – était « ce qu’elle voulait ». Comment une enfant pouvait-elle penser une chose pareille?