L’assassin avait toujours faim

Publié le par Mlle Lambert

Tout était prêt : les légumes étaient taillés, les pommes de terre au four et le steak macérait toujours. Elle-même était parfumée, pulpeuse et surtout vêtue de son body string porte-jarretelles. L’effet était renversant. La belle Liliane prenait des poses toutes plus lascives les uns que les autres. Puis, l’heure était enfin arrivée et il était là, devant elle.

L'avis de Mlle Lambert :

Je vous présente aujourd’hui un roman vraiment hors du commun tant par son style, que par le temps utilisé, le langage parlé et par la façon dont l’auteure a décidé de raconter son histoire. En effet, le roman est écrit au présent et à la troisième personne, les dialogues sont en franc québécois et un narrateur fait irruption ici et là (voir l’extrait ci-dessous). De plus, l’auteure a décidé d’écrire son roman policier d’une toute nouvelle façon. Eh oui, dès le début, on connaît l’identité du tueur. Ici le but n’est pas de le démasquer, mais plutôt de voir si la police réussira à pincer cet homme qui traine dans la ville et côtoie les résidents.

Personnellement, je ne m’attendais pas à ce genre de roman lorsque j’ai tourné la première page de celui-ci. Une histoire entièrement racontée au présent, des phrases courtes et simples, un franc parlé québécois… Bref, mon enthousiasme en a pris un bon coup. Mais comme il ne faut jamais se fier aux premières impressions, j’ai poursuivie ma lecture. Le temps d’adaptation passé, je suis complètement entrée dans l’histoire. Les pages défiles, les personnages sont charmants (chacun à leur façon) et les petites remarques du narrateur qui ponctuent l’histoire m’ont fait rire!

L’assassin avait toujours faim est un roman à la fois drôle – d’un humour que l’on peut qualifier de grinçant – et plus sombre, mais il reste néanmoins un polar léger qu’on regrette de terminer.

Et puis, personnellement, ce qui m’a le plus fait peur au début – soit les dialogues en joual québécois – m’a finalement énormément charmé! Ils donnent, quant à moi, une petite touche québécoise pur laine plutôt cocasse au roman. Des expressions telles que "être habillé comme la chienne à Jacques" ou "cuver son vin" nous font sourire à tout coup.

Bref, bien qu’au début j’ai grandement douté d’aimer ce livre qui me faisait complètement sortir de ma zone de confort, une fois habituée au style de l’auteure, j’ai su apprécier cette œuvre à sa juste valeur! C’est, pour moi, un coup de cœur dont je suis grandement et positivement surprise!

Un roman que vous ne pourrez vous empêcher de dévorer! (Haha, jeu de mots!)

xx

Auteure : Christiane St-Pierre
Éditions : Perce-Neige
Parution : Octobre 2016
Pages : 375

Quand ils arrivent à la maison de Paul Couturier, les rideaux sont fermés et rien ne bouge. Ils montent l’escalier et Deschamps sonne. Aucun mouvement à l’intérieur. Il sonne à nouveau. Rien. Il laisse son doigt sur la sonnette et quelques secondes plus tard, ils entendent quelqu’un gueuler. Deschamps n’enlève pas son doigt et continue de sonner. La porte s’ouvre d’un coup sec et un homme, torse nu, vêtu d’un jean, les cheveux en bataille, n’est pas d’humeur joyeuse (de la façon dont il ouvre la porte, on devine qu’il est en beau maudit et ce qui va suivre peut ne pas convenir à un jeune public; la vigilance d’un parent est suggérée).

* Coudonc, tabarnak! C’est quoi votre problème? Moé, les Témoins de Jéhovah, j’les crisse en bas de l’escalier quand y viennent me réveiller le dimanche matin. Votre fin du monde, j’m’en crisse, vous pouvez vous la mettre dans le cul, ça fait que décôlissez avant que j’vous fasse prendre une débarque dans l’escalier!

Marconi, imperturbable, lui montre son badge de police, ce qui est loin de calmer Couturier.

* Tabarnak! J’ai rien faite, moé. Vous pourrez pas m’arrêter parce que j’ai pas bu tant que ça.

Extrait p.281

Crédit Photo : Mlle Lambert

Crédit Photo : Mlle Lambert

Publié dans Polar, LittQc

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F
Il est dans ma PAL et j'ai bien hâte de m'y plonger ! Je l'attendais avec beaucoup d'impatience...
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